Les HPI sont-ils vraiment malheureux ou mal dans leur peau ?
Voici, entre autres, ce que nous dit la science.
Le haut potentiel peut générer une forme de jalousie de la part des pairs et spécialement à l’adolescence, où toute forme de différence est source potentielle de mise à l’écart. Cela peut générer des craintes ou un sentiment de non appartenance au groupe de référence. Le haut potentiel peut donc être réellement pointé du doigt par les autres. Pour gérer cela, la personne à HPI peut mettre en place des stratégies d’adaptation pour rester en contact avec les autres. Ces stratégies sont efficaces sur le moment, mais peuvent être délétères à long terme. Elles seront par conséquent plus à risque de développer des troubles psychologiques comme le met en évidence l’étude de Chan (2005).
Plusieurs études empiriques ne montrent pas une fréquence plus élevée de problèmes d’adaptation chez les personnes à haut potentiel. Cependant, cela ne signifie pas que le développement des personnes à haut potentiel soit nécessairement facile.
Terrassier (1981) a souligné les problèmes de dyssynchronie que peuvent rencontrer ces dernières. Ils proviennent du décalage entre le développement cognitif précoce et d’autres facettes du développement. Il peut s’agir d’un décalage interne entre les développements intellectuels, psychomoteurs et affectifs. Il peut aussi s’agir d’un décalage social entre le jeune et ses pairs. En fonction de l’ampleur des décalages et de leur gestion plus ou moins efficace par le sujet et son entourage (famille, école, etc), des difficultés variables peut être rencontrées. Mais des difficultés n’apparaissent pas nécessairement chez tous les individus HPI et ne peuvent, en tant que telles, être considérées comme des indices de HPI.
Selon Sophie Brasseur et Catherine Cuche, bien que certaines conjectures théoriques et constats cliniques puissent suggérer le contraire, il ne semble pas y avoir plus de troubles au niveau de la santé mentale chez les personnes HPI. Le constat parait identique au niveau des troubles relatifs à l’acquisition des apprentissages. Selon Hyatt Cross (2009), la prévalence du suicide n’est pas plus importante dans la population HPI.
Mais toute une série de jeunes et adultes présente bien des difficultés psychiques qu’il est indispensable d’entendre. Ensuite, le fait d’avoir accès à une pensée abstraite de manière précoce peut générer des préoccupations anxieuses.
Mais toute une série de jeunes et adultes présente bien des difficultés psychiques qu’il est indispensable d’entendre. Ensuite, le fait d’avoir accès à une pensée abstraite de manière précoce peut générer des préoccupations anxieuses relatives à des concepts comme la vie, la mort et/ou l’amour, car l’enfant est à un âge où il n’est pas forcément prêt à les métaboliser seul au niveau affectif. Il est donc essentiel de rester à l’écoute des difficultés ou des troubles de la personne HPI et de décoder ces situations correctement pour leur donner du sens et envisager les meilleures réponses possibles à ses besoins, que ces raisons soient ou non liées au HPI.
Sources :
- Psychologie du haut potentiel, Nicolas Gauvrit et Nathalie Clobert
- Le haut potentiel en questions, Sophie Brasseur et Catherine Cuche
Un dernier point cependant : la science évolue et a encore beaucoup de choses à nous dire au sujet du haut potentiel intellectuel. Ce que les professionnels observent en consultation est, il nous semble, à prendre en considération même si des études scientifiques ne soutiennent pas ce qu’ils constatent empiriquement. Certes, il y a un biais (les personnes qui consultent ont besoin de soutien) mais peu importe, les personnes à haut potentiel intellectuel qui souffrent (et consultent) expriment souvent une souffrance similaire, des vécus similaires et ce que ce soit en Europe, au Brésil ou encore aux Etats-Unis. Et ça, c’est interpelant.
Est-ce possible d’être HPI et heureux ?
C’est dans le sur-mesure que les HPI arrivent à trouver leur épanouissement, dans la mise sur pied d’un équilibre de vie qui leur conviennent, dans le dépassement des limites qu’elles se sont imposées par soucis de standardisation/normalisation/intégration. Elles doivent s’écouter, comprendre leurs besoins et leurs valeurs. Elles peuvent s’autoriser à choisir plusieurs voies professionnelles par exemple. Elles ne sont par ailleurs pas contraintes à participer à la vie sociale comme la plupart l’entend. C’est peut-être dans une activité indépendante plus que dans une activité salariée qu’elles vont pouvoir s’épanouir. Tout cela est à évaluer, estimer, analyser/à écouter.
Le cabinet Hi-Mind